Le marché des spiritueux en France

Les spiritueux désignent des boissons alcoolisées obtenues après l’étape de distillation qui suit la fermentation alcoolique. La distillation peut être précédée ou suivie d’autres étapes (brassage, maltage, vieillissement…). On distingue deux types de spiritueux :

• Les spiritueux composés qui tirent leur goût et leur aspect de substances aromatisantes : gin, liqueurs anisées, etc.
• Les spiritueux simples dont le goût et l’aspect trouvent leur origine dans la distillation de matières premières fermentées à laquelle peut s’ajouter le vieillissement : cognac, vodka, whisky, rhum, etc.

La France possède une place à part dans le monde des spiritueux par son image de marque, l’excellence de ses filières locales et de son savoir-faire qui s’exporte avec succès à l’étranger. Le secteur des vins et spiritueux demeure ainsi le troisième contributeur à la balance commerciale française en 2024. L’export représente plus de la moitié des revenus de la filière, voire bien plus pour certains segments, à l’instar du cognac. Après des années de forte croissance, les ventes de la filière ont fini par ralentir ces deux dernières années, sur fond de ralentissement des ventes à l’étranger. Le chiffre d’affaires des entreprises du secteur a atteint un pic en 2022, avant de se contracter en 2023 (-5,3%), en 2024 (-5,7%) et au cours du premier semestre 2025 (-11,4%).

Les groupes français LVMH, Pernod Ricard, Rémy Cointreau et La Martiniquaise dominent le marché des spiritueux en France. Cependant, les groupes étrangers se font de plus en plus présents. Diageo a créé sa filiale française en mars 2024 pour distribuer ses spiritueux comme le gin Tanqueray et les whiskies Talisker, tandis que Campari a déboursé 1,2 milliard d’euros pour reprendre la maison Courvoisier début 2024.

Au sein du marché hexagonal, le spiritueux le plus consommé est le whisky. Viennent ensuite les alcools anisés (pastis, absinthe, anis…) le rhum et la vodka. Une tendance à une consommation plus modérée, mais avec un prix moyen d’achat plus élevé a été observée ces dernières années. Les Français consomment moins d’alcool mais recherchent des produits plus sophistiqués et innovants. Parmi les tendances émergentes, on peut également citer le marché des boissons avec peu ou pas d’alcool, appelées NoLo (« No/low alcohol »), qui séduit particulièrement les jeunes. En avril 2025, Diageo France déclarait que ce segment générerait 30% de sa croissance d’ici à 2030, tandis que la maison de cognac Ansac (filiale de la coopérative Océalia) a commencé a commercialiser un cocktail NoLo en canette sous sa marque historique Jules Gautret en juin 2025.

Pour réduire leur dépendance au cognac ainsi qu’aux débouchés internationaux, certaines maisons comme Tessendier diversifient désormais leur offre en lançant d’autres spiritueux tels que rhums, gins ou whiskies. Dans cette logique, Whiskies du Monde a acquis début 2025 la marque de liqueurs artisanales La Mentheuse, afin d’enrichir son portefeuille avec des références moins sucrées et à plus faible teneur en alcool, mieux adaptées aux nouvelles attentes des consommateurs.

Au-delà des leaders du secteur, le marché des spiritueux en France compte une kyrielle d’acteurs locaux positionnés sur un ou plusieurs segments avec succès. Fort d’une filière d’excellence, d’une bonne image à l’étranger et porté par l’intérêt des Français pour les spiritueux, le marché affiche de fortes perspectives de croissance. Spiritueux bio, premium, Made in France ou saveurs nouvelles, les initiatives se multiplient sur un marché aux fondamentaux solides.