Le marché des abattoirs en France

Un abattoir est un complexe au sein duquel les animaux sont abattus, le plus souvent pour l’alimentation humaine. Abattage de porcins, caprins, bovins, volailles, ovins… etc. les abattoirs peuvent traiter différents types de viandes et s’adapter à la demande locale.

En France, le marché des abattoirs présente plusieurs particularités : on observe d’abord une grande proximité avec les acteurs de la grande distribution, des distributeurs comme Michel-Edouard Leclerc et Intermarché sont présents au capital de plusieurs sociétés d’abattage. Une autre caractéristique du secteur est la présence d’abattoirs publics qui ne représentent aujourd’hui plus qu’environ 7% de la production totale.

Alors que la consommation de viande en France affiche une lente diminution tendancielle, les abattoirs cristallisent les tensions autour du bien-être animal. Le secteur fait face à la montée des revendications en la matière et adapte son appareil productif ; parmi les initiatives du secteur, on peut citer la mise en place de l’anesthésie sous atmosphère contrôlée et la montée des productions labélisées (bio, Nouvelle Agriculture et Label rouge).

Le secteur des abattoirs en France traverse une période particulièrement tumultueuse. Les crises successives de l’élevage et de l’industrie ont provoqué une contraction importante du cheptel bovin et porcin, entraînant une sous-utilisation des outils industriels. En six ans, la France a perdu un million de vaches, et le nombre de porcs a diminué de 6 % en seulement douze mois. Cette baisse de la production, couplée à l’augmentation des coûts énergétiques et de transport, ainsi qu’à la revalorisation des rémunérations des éleveurs, met en péril la viabilité de nombreux abattoirs.

La pression économique est également accrue par le fait que les prix aux éleveurs français sont parmi les plus élevés en Europe. Pour le bœuf, le prix moyen aux éleveurs est de 5,17 euros le kilo, comparé à 4,51 euros dans le reste de l’Union européenne, selon la Commission européenne. Une situation qui pousse la France à importer de plus en plus de viande, atteignant des importations records qui ont représenté 27 % de la consommation nationale en 2023, contre 22 % en 2021. Si le plan de relance de 130 millions d’euros décidé par l’État en 2020 a apporté une bouffée d’oxygène aux acteurs du secteur, la situation actuelle est problématique, y compris pour les mastodontes du secteur comme Bigard (5 milliards d’euros), Cooperl (2,7 milliards d’euros) et Elivia (1,2 milliard d’euros).

Dans un contexte d’internationalisation croissante, les industriels du secteur investissent fortement pour automatiser l’outil de production, améliorer leur compétitivité à l’export et répondre aux nouveaux besoins des consommateurs sur le marché intérieur, notamment des produits découpés. Hygiène, compétitivité, bien-être animal, recrutement et valorisation de l’ensemble de la carcasse, autant de défis à relever pour la filière des abattoirs en France.