Le marché du façonnage de l’habillement en France

À mi-chemin entre artisanat et industrie, les façonniers français produisent dans l’Hexagone différentes catégories de vêtements (robes, blousons, chemises, anoraks, chemisiers, etc.), grâce à un savoir-faire particulier. Ils peuvent intervenir à différentes étapes de la confection de vêtements en France : conception, couture, finition, coupe, sérigraphie, etc. Par définition, les façonniers agissent en tant que sous-traitants, avec une production sous marque blanche. Cette activité représente l’essentiel de leur chiffre d’affaires, même si certains façonniers comme Lener Cordier ou CJT ont également développé des marques propres.

Les façonniers de vêtements s’adressent à deux types de clients :

• Les grandes marques de luxe, dont une très grande majorité d’articles destinés à la clientèle féminine.
• Les fabricants ou distributeurs de prêt-à-porter qui font le choix du Made in France.

Malgré une conjoncture dégradée dans le secteur de l’habillement en France, les façonniers français bénéficient de la démocratisation du Made in France sur les segments du milieu et moyen de gamme, qui soutient la demande. Décimé par la vague de délocalisations et le recentrage vers l’univers du luxe au cours des années 1990-2000, le tissu industriel du secteur rebondit légèrement et les façonniers multiplient les investissements.

Début 2024, Atelier d’Ariane a annoncé investir 3,5 millions d’euros pour la construction d’un nouvel atelier, tandis que La Ferté Couture a réalisé 1,6 million d’euros d’investissement pour son nouvel atelier inauguré en juin 2023. Depuis la crise sanitaire, la demande renouvelée d’articles Made in France a permis de relancer la filière tricolore. En août 2023, le spécialiste du jean 1083 a annoncé avoir relocalisé la totalité de la chaîne de production de ses jeans, grâce à l’aide du façonnier Tissage de France, qui se trouve à Rupt-sur-Moselle (Vosges).

Si la demande reste dynamique, les façonniers butent sur un manque de main-d’œuvre qualifiée particulièrement fort. La plupart des entreprises d’envergure du secteur cherchent à combler ce manque en développant leur propre formation. En janvier 2024, Atelier d’Ariane a annoncé l’ouverture prochaine de son propre centre de formation, sur son nouveau site industriel. Cette démarche leur permet de former les futurs salariés directement là où le besoin en compétences est le plus fort, tout en les formant aux exigences spécifiques des donneurs d’ordre, un critère clé dans le haut de gamme.

Enfin, sur le secteur du luxe, on observe des liens particulièrement forts entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants. Afin de préserver les savoir-faire et de donner aux façonniers les moyens de croître, ceux-ci peuvent entrer directement au capital des sous-traitants. Chanel est coutumier de ces opérations de consolidation. La société a ainsi repris 4 manufacturiers spécialisés dans l’univers de la soie en 2016, et s’est plus récemment tournée vers JY BH, repris en février 2024.